Le suspens a pris fin hier en début d’après-midi : Rafael Nadal a officialisé son forfait pour le tournoi de Roland-Garros à cause de blessures persistantes. Cette annonce ne faisait plus guère de doute ces derniers jours…
Vainqueur de 14 titres à Roland-Garros, Rafael Nadal a annoncé, jeudi 18 mai, dans son académie de tennis de Manacor à Majorque aux Baléares, son forfait pour le tournoi parisien, deuxième tournoi du Grand Chelem de la saison.
Et pourtant, depuis 2005, date de ses débuts à Roland Garros à l’âge de 18 ans, jamais le Majorquin n’a manqué le plus grand tournoi du monde sur terre battue, ce tournoi qui a fait sa légende et marqué son règne sur terre battue. C’est donc une première, puisque l’Espagnol a participé à toutes les éditions. Il n’y a renoncé qu’une fois, en 2016, mais c’était alors à la veille de son troisième tour, à la suite d’une blessure au poignet.
Pour cette année, il a donc déclaré, lors d’une conférence de presse organisée à son académie de tennis de Manacor :
« Malheureusement, ma blessure n’a pas évolué comme j’imaginais, et c’est impossible pour moi de disputer Roland-Garros cette année (…) Vous pouvez imaginer à quel point c’est difficile pour moi. C’est une décision que mon corps a prise. ».
Afin de récupérer, Nadal a décidé de stopper le tennis une grande partie de la saison : « Je n’ai pas l’intention de continuer à jouer les mois qui viennent. » Au moins jusqu’à la Coupe Davis, à l’automne qui peut être un objectif. « Je dois essayer d’aborder l’année prochaine avec des garanties dans ce qui sera je pense ma dernière année ». Il souhaite participer à Roland-Garros l’an prochain pour ce qui serait « probablement la dernière saison de [sa] carrière » et dire adieu au public parisien qui l’a tant aimé et porté vers les victoires au tournoi de la Porte d’Auteuil.
L’enchaînement des blessures
Blessé depuis le 18 janvier et un match de l’Open d’Australie, l’Espagnol de 36 ans n’a pas rejoué en compétition depuis cette date. En effet, éliminé au deuxième tour de l’Open d’Australie par l’Américain Mackenzie McDonald (6-4, 6-4, 7-5), Rafael Nadal, très largement diminué par une blessure au psoas-iliaque de la jambe gauche, « [espérait] simplement que ce n’est rien de trop grave et qu [’il ne sera] pas absent des courts trop longtemps ». Le corecordman du nombre de titres en tournois du Grand Chelem chez les hommes (22, à égalité avec Novak Djokovic) n’a pas disputé le moindre match depuis, et ses soucis de santé s’accumulent.
Le syndrome de Müller-Weiss, une maladie dégénérative et incurable qui se caractérise par la déformation d’un des os du pied, son pied gauche au cas particulier. S’il souffre de ce mal chronique depuis ses 18 ans, cette douleur au pied a rejailli d’abord en 2021 puis s’est intensifiée en 2022, l’obligeant à jouer sous infiltration à Roland-Garros, jusqu’à sa finale victorieuse.
De retour à Barcelone après son quatorzième titre à Paris, Nadal suit un « traitement par radiofréquence pulsée » qui endort « les nerfs dans la région de la blessure dont il souffre », précisait alors son porte-parole.
Quelques semaines plus tard, une déchirure aux abdominaux le contraint à déclarer forfait avant la demi-finale de Wimbledon face à l’enfant terrible du tennis, l’Australien Nick Kyrgios. Mais le doute continue pour Nadal. S’il est bien présent à Cincinnati, à l’US Open, et à Paris-Bercy ainsi qu’aux Masters de Turin, il arrive fortement diminué à l’Open d’Australie. La suite on la connaît avec une élimination dès le deuxième tour…
Depuis son dernier match à Melbourne le 18 janvier 2023, Rafael Nadal n’a plus joué sur le circuit ATP. Son objectif clairement annoncé était d’être prêt pour le début de la saison sur terre battue. Après ses premiers entraînements en mars, il publie sur les réseaux sociaux des photos rassurantes sur son état de santé et son retour à la compétition. Mais début avril, le doute commence à s’installer dans le monde de la petite balle jaune : Rafael doit décaler son retour en compétition et annonce son forfait pour le tournoi de Monte-Carlo, souvent considéré comme l’une des répétitions avant Roland-Garros : « Je ne suis pas encore prêt à concourir au plus haut niveau, je ne pourrai pas jouer dans l’un des tournois les plus importants de ma carrière, Monte-Carlo », annonce-t-il, le 4 avril, sur ses réseaux sociaux. Et le doute va persister … Dix jours plus tard, il déclare forfait à Barcelone, Madrid puis Rome, les autres tournois préparatifs à Roland-Garros.
La vidéo qui fait frémir le monde tennistique
La vidéo d’un entraînement de Rafael Nadal, filmé à son issu le 11 mai dernier, et postée sur les réseaux sociaux, a fait le tour de la planète et semé les plus gros doutes sur sa participation au tournoi de la Porte d’Auteuil. On y voit Rafael Nadal, dans son académie de Manacor (Majorque), sur un court aux côtés de ses entraîneurs, mains sur les genoux et tête baissée, pendant plusieurs secondes.
Le tournoi parisien est un tournoi extrêmement exigeant. La vitesse des balles, ralentie par la terre, empêche l’enchaînement service-coup gagnant. C’est pourquoi le jeu sur terre battue impose une excellente condition physique pour tenir sur la longueur des échanges, avec un match tous les deux jours pendant deux semaines pour le vainqueur. Habitué à se battre jusqu’au bout sur les courts, Rafael Nadal a cette fois jeté l’éponge avant de débuter « sa » quinzaine parisienne, celle lors de laquelle il célèbre chaque année son anniversaire le 3 juin, et qui se termine presque invariablement par son sacre.
Rafael Nadal a ainsi déclaré :
« les tournois restent pour toujours, les joueurs… jouent et partent ? Ils ne font que passer. Roland-Garros sera toujours Roland-Garros, avec ou sans moi, sans aucun doute. C’est le plus grand rendez-vous du monde sur terre-battue. Il y aura un vainqueur de Roland-Garros, comme toujours. Ce ne sera pas moi, ce sera quelqu’un d’autre. C’est la vie »
L’édition 2023 de Roland-Garros sera donc orpheline deRafael Nadal et peut-être en sera-t-il ainsi pour les éditions à venir, même si l’Espagnol n’a pas exclu, jeudi, de s’aligner de nouveau dans un an. Pour cette année, ses fervents admirateurs pourront toujours se consoler en appréciant à Roland-Garros la statue grandeur nature de Nadal, inaugurée il y a deux ans. Et si le trône du tournoi parisien est vacant pour 2003, les candidatsà la succession de Nadal se préparent, à commencer par l’Espagnol Carlos Alcaraz, nouveau numéro un mondial qui n’aurait rien contre prendre la suite de son compatriote Porte d’Auteuil. Après la retraite de Roger Federer, et le forfait de Nadal, des trois grands qui ont survolé le tennis du XXIe siècle, seul demeure Novak Djokovic pour cette édition.
Nadal gagnera-t-il son pari de revenir à Roland-Garros en 2024 et enchaîner avec les Jeux Olympiques à Paris ? La prudence reste de mise…
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