Pourquoi Shining est toujours un film culte ?

Lee Unkrich publie chez Taschen un livre hors norme sur Shining, chef d’oeuvre de Stanley Kubrick qui ne cesse de fasciner 30 ans plus tard

Une obsession. C’est cela qui a mené le réalisateur Lee Unkrich, réalisateur de Coco et Toy Story 3, au coeur d’une enquête longue de dix ans autour du film Shining. Le réalisateur avait vu pour la première fois ce film à l’âge de 12 ans, et le souvenir de cette oeuvre grandiose ne l’a plus jamais quitté. Stanley Kubrick’s The Shining, est un livre mémoire de 20 kg et 2198 pages, vendu pour la modique somme de 1500 euros, par la fameuse maison d’édition allemande Taschen. Ce livre est le fruit d’une enquête d’un passionné qui s’est entretenu avec des membres de l’équipe, les acteurs et qui s’est rendu sur les lieux de tournage. Il s’est plongé dans les archives, y a décelé des secrets, trouvé des photos et des documents rares et inédits, afin d’extraire la substantifique moelle de cette oeuvre de génie, qui a redéfinit les codes du film d’horreur.

Stanley Kubrick’s The Shining, Février 2023. Taschen.

Le film le plus inquiétant du monde

La renommée de ce film tient au fait que l’atmosphère du film saisit le spectateur tout entier. L’hôtel gigantesque mais pourtant vide, y joue pour beaucoup. En effet, le personnage principal Jack Torrance interprété par Jack Nicholson est un écrivain en panne d’inspiration. Ce dernier se fait écraser pas le vide et l’immensité de cet hôtel, jusqu’à en perdre la raison. La musique composée par Krzysztof Penderecki, qui est incroyablement stridente et dissonante survient par moment, comme pour illustrer les moments de folie du personnage. Cette bande sonore surprenante, qui avait été composée en mémoire des victimes de la Shoah, oscille avec des moments de silence plombants. C’est cette balance qui confère au film toute cette atmosphère inquiétante et diablement efficace. L’hiver qui fait rage à l’extérieur participe au sentiment de claustrophobie que le spectateur développe à la vue du film.

La performance de Jack Nicholson

Jack Nicholson offre une performance mémorable dans le rôle de Jack Torrance, le personnage principal du film. Sa prestation excentrique et malsaine est devenue emblématique. L’acteur ira jusqu’à aller jusque dans ses retranchements les plus noirs, Kubrick étant connu pour faire d’innombrables prises afin d’extraire les meilleures prestations possibles. La folie progressive du personnage fait frémir le spectateur, l’angoisse atteint son paroxysme lorsqu’on comprend que sa femme et son fils sont devenues ses proies. Cette scène iconique permet de cerner la folie rampante de cet acteur de génie. Ce visage dans cette porte, au delà d’être l’affiche du film, elle est devenue un meme dans la culture populaire.

Une des meilleurs adaptations de tous les temps

Ce film a été adapté d’un livre de Stephen King, un des écrivains les plus lu au monde. Le film a eu tellement de succès qu’il est devenu plus connu que le livre lui-même. Stephen King n’aimera pas le film, expliquant qu’il ne s’y retrouvait pas. Ainsi, cela prouve que le film est une oeuvre d’art à part entière, Kubrick n’a pas hésité à utiliser le livre pour imposer son univers singulier. Plusieurs choses de l’histoire différent. Dans le livre de King, Jack Torrance est un personnage plus nuancé et sympathique, qui lutte contre son alcoolisme et ses démons intérieurs. Dans le film de Kubrick, Jack est beaucoup plus sombre dès le début, et sa descente dans la folie est plus rapide et plus extrême. Kubrick a fait du livre un véritable film d’horreur, en développant les personnages plus intensément. La différence la plus criante est la fin : dans le livre, Jack sacrifie sa vie pour sauver sa famille, tandis que dans le film, Jack meurt en essayant de tuer sa famille.

Un chef d’oeuvre cinématographique

A tous les points de vue ce film est un bijou. Il se distingue par la richesse de son esthétique, sa trame, son jeu d’acteur et son scénario. Une des innovations les plus marquantes a été l’utilisation de plans aérien depuis un hélicoptère, ou l’on peut voir Jack serpenter en voiture le long des montagnes au début du film. C’est la beauté des plans, leur symétrie implacable qui se retrouve dans le décor de l’hôtel qui hypnotise le spectateur. Une des force majeure du film est qu’à aucun un moment on ne voit du sang, Kubrick parvient a créer une tension et un effroi sans montrer une goutte de sang. Jusqu’à un ralenti, un plan fixe mythique d’un simple couloir ou se décharge tout à coup un bain de sang. Comme une scène cathartique de violence, de sang et de surprise qui immerge l’image comme une vision d’horreur. C’est en réalité un cauchemar qui annonce les évènements à venir. Comme une performance artistique, ce film est une succession de scènes innovantes, fortes et mémorables qui font que ce film est encore et toujours une référence en termes d’inspiration et d’innovation.

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